Edito tout frais : l’arrivée et le débrief de notre périple

Ce matin, le destin nous rappelle malicieusement que l’Espagne possède une industrie automobile. D’abord à l’hôtel où, en écartant les rideaux au réveil, on a une bonne vue sur les usines Seat de Martorell. Deux petites heures plus tard, nous effectuons le premier arrêt recharge de la journée à Lerida avec notre Mégane E-Tech – en suivant ainsi le conseil délivré par un conducteur de voiture électrique rencontré hier. Surprise, quand nous arrivons aux bornes situées derrière le parking d’un hôtel, deux des quatre prises sont squattées par des prototypes camouflés de Cupra Tavascan ! L’équipe chargée de les accompagner est peu nerveuse quand Bernard, notre photographe, sort ses appareils photos. Mais le plus gênant s’avère que la charge est lente est très instable sur notre prise censée délivrer 180 kW. Le réseau a du mal à fournir la puissance, spécialement pour la Mégane. La borne semble privilégier le Tavascan garé à côté de nous. Quand ce dernier s’en va, nous prenons sa place, mais cela ne charge guère mieux. Après 45 mn de patience, seulement 26,5 kWh chargés et la pile remontée à 68% nous décidons de lever le camp.

Notre voyage en Mégane électrique : jour 1

Notre voyage en Mégane électrique : jour 2

Notre voyage en Mégane électrique : jour 3

Notre voyage en Mégane électrique : jour 4

Notre voyage en Mégane électrique : jour 5

Une borne efficace… mais pas très glamour

Avant d’arriver à Saragosse nous nous octroyons une incursion au milieu d’un paysage désert inondé de soleil, qui aurait eu toute sa place dans un western de Sergio Leone. Quel contraste avec la neige qui tombait en Suède cinq jours plus tôt ! Le temps d’immortaliser tout cela et nous voilà reparti en quête d’une borne. Après 320 km depuis ce matin et les problèmes techniques rencontrés à Lerida, une pause s’impose à la station Ionity proche de Saragosse. Côté recharge cette fois rien à dire, ça marche sans problème. En 22 mn nous remontons la batterie de 18 à 66%. Sauf que l’endroit est tout sauf accueillant, dépourvu de toutes commodités et paumé au milieu de nulle part à côté d’une décharge sauvage. Pas vraiment le genre d’endroit où l’on aimerait charger sa voiture pendant la nuit. Nous repartons donc en direction de Madrid en quête d’un endroit plus accueillant et de quoi nous sustenter au passage.

Du bon usage de la commande vocale

Après plusieurs jours à vivre avec la Mégane nous avons appris à apprivoiser la commande vocale. Elle est adroite dans son genre, même si dans l’intelligence artificielle dont elle fait preuve, on retient surtout le “artificiel”. Toutefois, elle est suffisamment douée pour comprendre 95% des destinations qu’on lui programme. Mais pas 100% et lorsque je lui demande de nous arrêter à la station-service située à côté d’Ariza, le GPS choisit de nous envoyer à la station du même nom située… de l’autre côté de l’autoroute ! Le temps de comprendre ce qui se passe, cet aléas nous fait arriver à bon port avec seulement 10% de batterie. Au passage, on note qu’en Espagne les bornes de recharge ne sont pas annoncées sur les panneaux annonçant les stations-service. Heureusement, la borne est quasiment déserte et surtout fonctionnelle et comme nous avons à cette heure – 16 h – aussi faim que la pile, nous en profitons pour déjeuner à la cantina locale. La charge est rapide sur cette borne Ionity de 350 kW, bien aidée par la température de 21°C. Il faut 1 heure et 2 minutes précisément pour remonter la batterie à 100%, le chargeur ayant délivré 60,1 kWh – soit la capacité utile de la batterie.

L’heure du bilan

Avec 269 km d’autonomie annoncés au tableau de bord, il y a largement de quoi rejoindre Madrid en toute tranquillité. Et c’est finalement en fin d’après-midi que nous rejoignons la capitale de l’Espagne, étape finale de notre périple. En six jours, nous avons parcouru 4 274 km et traversé dix pays. Pour recharger, nous nous sommes arrêté 37 fois, pour 28 recharges effectives d’une durée moyenne de 38 mn. En cumulé, si l’on excepte les charges de nuit, cela représente plus de 17 heures d’attente aux bornes. Question budget, le trajet nous a couté 780 €, le prix de l’électricité sur les bornes rapides étant presque 5 fois plus cher que le tarif heures creuses à la maison ! Voilà qui n’est guère économique, puisque ce budget correspond à une moyenne de 9 l aux cent avec une voiture essence (avec du sans-plomb à 2 €/l). Au-delà des chiffres, notre périple a surtout révélé qu’il reste beaucoup à faire avant la date fatidique de 2035 et l’interdiction de vente des voitures thermiques.

Non seulement le maillage des stations est loin d’être suffisant partout, mais il reste un gros travail d’harmonisation sur la signalisation et l’usage des bornes – avec des instructions en langue locale svp ! Les nombreuses connexions/déconnexions hasardeuses que nous avons subies démontrent que la technique reste perfectible et pour que rouler en électrique soit aussi facile qu’avec une thermique il faut absolument imposer le paiement par carte bancaire (ou sans contact par téléphone). Enfin, notre expérience dans les pays du nord où les voitures électriques sont plus répandues démontre que le réseau est vite engorgé en cas d’affluence. Cela nous guette en France à brève échéance.